Trois petits canards
Les bulletins télévisés en parlaient. Un canard
mandarin en liberté à Laval. On disait que les mandarins en liberté ne se retrouvaient qu’en Asie et que celui s’était probablement échappé d’un élevage de la région de Toronto.
Une amie m’a révélé à quel endroit il avait élu domicile. C’était un petit marais au détour d’un sentier méconnu qui, au cours des derniers jours, était passablement fréquenté. À mon arrivée dans
le sentier, je croisais des gens qui me disaient que la vedette du moment venait de quitter le marais. Les conseils de mon amie me sont revenus à l’esprit. « Sois patient » qu’elle
disait. « Quand il y a trop de gens qui l’observent, il va se réfugier sur un petit lac du terrain de golf voisin mais il ne reste jamais longtemps sur le lac. Les golfeurs le dérangent
trop. Et si tu vois un canard blanc, le Mandarin ne sera pas loin. On dirait qu’ils se sont liés d’amitié ».
J’ai poursuivi ma randonnée et au détour d’un sentier, j’ai aperçu le Colvert dans un petit marais. Pensant que le Mandarin ne pouvait pas être déjà revenu, je me suis glissé sous les
branches d’un arbre pour essayer de me camoufler tout en étant assez prêt du marais. Et puis, le canard blanc est soudainement apparu dans le paysage. J’ai regardé dans les parages et j’ai aperçu
le mandarin un peu plus loin. Trois petits canards juste pour moi.
Pendant une trentaine de minutes, je les ai observés. Quelques clichés ici et là mais rien qui ne sorte de l’ordinaire. Et puis, la chance s’est mise de la partie. J’ai vu le Colvert se diriger
vers le point lumineux du marais. Le canard blanc était à ses côtés et le mandarin qui tirait de l’arrière a finalement rejoint le duo dans un alignement parfait exactement au bon endroit.
J’ai pris quelques minutes additionnelles pour les admirer encore un peu, comme pour les remercier de ce merveilleux moment qu’ils venaient de m’offrir. Parce que c’est un peu ça, photographier
la faune sauvage; une grande part de travail et un peu de chance.